Mercredi, 10 Avril 2019 11:03

Appel à contributions: LA NUIT

Écrit par  Emilie Coutant

 

Dieu dit: Que la lumière soit ! Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres. Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le premier jour. Genèse, 1:4

La séparation du jour et de la nuit est un phénomène objectif, même si les durées interstitielles varient selon les latitudes : la nuit tombe soudainement au Brésil quand en France elle s’installe insidieusement, « entre chien et loup » ! Cependant, bien au-delà du simple rythme de la journée, elle implique les dimensions symboliques et les structures anthropologiques de l’imaginaire collectif et de l’être-ensemble.

La culture moderne a toujours tenté de se protéger de la nuit. De ses dangers avec ses murs. De ses monstres avec ses explications. De sa sauvagerie avec ses écoles et ses Lumières. De ses perversions avec ses éclairages électriques. De ses coupe-gorges avec ses grandes artères. De ses sorcières avec son feu. La postmodernité, quant à elle, retrouve les énergies de la nuit obscure, pour le meilleur et pour le pire. En effet, si la vie civile repose sur le rythme du jour, c’est dans le royaume nocturne que les femmes et les hommes renouent dangereusement avec les imaginaires et les pratiques de l’ombre, stigmatisés par les savoirs et les pouvoirs institués.

Des cris nocturnes des oies du Capitole jusqu'aux nuits jaunes en passant par la nuit de la Saint Barthélémy, du 4 août 1789, la nuit de Cristal, l'édification du mur de Berlin au cours de la nuit du 12 au 13 août 1961 et les nuits Debout, les moments nocturnes jalonnent et rythment notre Histoire. Elle commence par la maîtrise du feu et, suivant la mythologie nordique, s'éteindra lorsque Fenrir engloutira le soleil. De la nuit des temps au crépuscule des civilisations, « chaque nuit est une menace d’éternité » disait Bachelard. L'obscurité est aussi le refuge des espèces sauvages, des monstres, des barbares et des anomiques. Le clair-obscur de l’existence chante les grandes permissions, les dépenses, les excès et les licences. La nuit sait accueillir.

L’imaginaire nocturne est le terreau de tout renouveau. C’est la nuit unanime de Borges qui cache le voyageur accostant par la barque. La nuit où se retrouvent en secret les amoureux, les clandestins, les réprouvés ; celle des expériences mystiques, des rencontres hasardeuses, des échauffourées et des processions, des feux de joie et des émeutes, des bals de villages et des boîtes de nuit, la nuit sans fin des clubbers, taxi drivers et sex-workers, la nuit des vampires, des loups garous, les nuits d’ivresse où se déploie pleinement la dimension onirique de l’existence. C’est aussi la Sainte nuit, celle qui porte conseils, d'où tout naît et où tout s’endort, le haut-lieu du merveilleux, cette « obscure clarté qui tombe des étoiles ».

Gilbert Durand décrit ainsi cette résurgence de l’imaginaire nocturne : « L’antidote du temps ne sera plus recherché au niveau surhumain de la transcendance et de la pureté des essences, mais dans la rassurante et chaude intimité de la substance ou dans les constantes rythmiques qui scandent phénomènes et accidents ». Qui sont-ils, dans la vie quotidienne, dans les villes et les campagnes, les spectacles et la vie intime, la vie concrète et les rêves, ces hérauts de la nuit ? Comment contribuent-ils à fonder et à modifier l’équilibre entre la lumière et l’obscurité ?

Sociologues, anthropologues, historiens, astrophysiciens, écrivains, photographes, illustrateurs, peintres, clubbers, poètes, couches-tard, dormeurs, rêveurs, peintres du noir et du clair-obscur, cataphiles, midnight snackers, somnambules, amoureux de la lune et des étoiles : ajoutez votre encre aux pages encore blanches du 10e numéro des Cahiers européens de l’imaginaire. Levez le couvre-feu! Parlez-nous du régime nocturne de l’imaginaire, de la puissance de l’obscurité et de vos nuits.

  • Les propositions de contributions sont à envoyer, avant le 30 juin via le formulaire de souscription ici qui se trouve en haut de cette page
  • Nos articles tirent entre 3000 et 27000 signes (espaces compris). Il faut que vous nous donniez une prévision. Nous vous confirmerons lors de notre réponse le nombre de signes attendus. Il faudra vous y tenir, car nous ne pouvons pas raccourcir les articles vus les délais.
  • Pour les propositions graphiques (photos, dessins, illustrations...), décrivez bien la technique et le format. Nos pages mesurent 200x265mm.
  • Le comité de rédaction avisera les contributeurs de l’acceptation de leur proposition, avant d'entamer le travail d'édition, le 5 juillet
  • Les contributions finales devront être remises au plus tard le 15 octobre. Les préconisations éditoriales seront envoyées avec l’acceptation de la proposition.
  • Aucun délai supplémentaire ne pourra être accordé.

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