Les Cahiers européens de l'imaginaire (CNRS éditions) revue réalisée grace au partenariat entre l'IRSA-CRI (Université Paul-Valéry) et le CEAQ (Université Paris Descartes Sorbonne) lancent l'appel à contributions pour le prochain numéro, consacré au thème "Le Voyage". Cet appel à contribution est public et ouvert à tous. Les propositions de contributions sont à envoyer, avant le 10 septembre 2016, via le formulaire de souscription: http://www.lescahiers.eu/blog/call-for-papers-cei9-le-voyage
Voyager fait rêver et rêver c’est aussi voyager.
Ulysse, Dionysos, Enée, Alexandre le Grand, Marco Polo, Christophe Colomb, mais également Saint Benoit et François d’Assise, Hermann Hesse et Stefan Zweig, plus récemment Virginia Woolf, Karen Blixen, Jack Kerouac, William Gibson, les Kraftwerk et The Doors, Thelma & Louise, Marjane Satrapi, Frida Kahlo, Youri Alexeïevitch Gagarine, sans oublier Charles Baudelaire, Jules Vernes, Antoine de Saint Exupéry, Xavier de Maistre et Georges Méliès, illustrent dans diverses déclinaisons le mythe du voyageur.
Naissances et morts, voyages conquérants et colonisateurs, croisades et guerres saintes, voyages des savants et des explorateurs, voyages dans le temps, voyages autour de ma chambre, voyages psychédeliques, trips, voyages touristiques et émigrations choisies, contraintes ou déséspérées, dessinent des figures du déplacement et de l’errance aussi variées que la vie.
À chaque nouvelle rencontre, l’une des premières choses que nous disons, c’est d’où nous venons. Entités souvent imaginaires : venir d’un pays, d’un bled, d’un quartier, d’un sol, d’un lieu-dit, mais aussi d’un réseau électronique, d’une tribu, d’une scène musicale, d’un crew, d’un genre sexuel. C’est à ce moment que nous éprouvons la mobilité de la vie : parler de ses origines, c’est reconnaître que nous voyageons, que nous sommes en mouvement, que nous sommes en devenir.
« Tout coule » disaient les Grecs. Le voyage est cette expérience de l’impermanence des choses. Voyage géographique qui ne s’arrête pas à la traversée des distances, mais qui est aussi voyage initiatique, quête d’un nouveau personnage : le fleuve dans lequel on ne se baigne jamais deux fois a changé, comme le baigneur qui n’est jamais le même.
Les institutions de la modernité se sont employées à assigner le sujet à un statut individuel et à un État-nation. La carte d’identité qui ne permet pas de passer les ports en est la certification. Les actes de l’état civil prouvent que nous existons et qui nous aimons. Les registres et cadastres attestent de nos passages et de nos possessions. Les queues et contrôles interminables aux contrôles des aéroports, les murs entre les nations, la nostalgie des frontières étanches sont l’ultime résistance à un nomadisme résurgent. Les Cookies et profilages en ligne prétendent encore viser le cœur de la cible : ce que serait le sujet, un individu indivisible et immobile dans ses goûts comme dans ses convictions. Leur multiplicité atteste la faiblesse fébrile de ce projet.
Les multiples expressions de la vie quotidienne témoignent en effet aujourd’hui d’un tout autre paradigme. À l’encontre de la mise à résidence de l’individu (M. Foucault), de la reductio ad unum (A. Comte) et de l’homme unidimensionel (H. Marcuse) qui furent les pivots de la modernité, l’altérité (G. Bataille), le multiple (G. Deleuze, F. Guattari) et les identifications (M. Maffesoli) s’imposent sur le devant de la scène. Les figures du nomadisme se rencontrent désormais à chaque coin de rue : immigrés, réfugiés, routards, backpackers, flâneurs, faux-nez, évadés de la vie japonaise qui ne reparaissent plus, freelances, vagabonds, couch surfers, travellers, ravers, enfants de droit du sang et de droit du sol qui cumulent les nationalités, slasheurs qui alternent le marketing et la boucherie, salary-men du jour et super-héros la nuit… L’État leur demande : « De tel ou tel de vos masques, lequel est le seul vrai ? ». « Tous sont vrais », répond l’homo viator, le voyageur. Nous éprouvons la circulation de nos masques dans une série de « sincérités successives ».
Comprendre le voyage versus le localisme dans un univers mondialisé, comme rapport à l’ailleurs, à l’utopie, comme enrichissement de la réalité par le rêve, comme confrontation à l’altérité et à la différence, tel est l’objectif du numéro 9 des Cahiers européens de l’imaginaire.
Au travers d’une sociologie, d’une philosophie et d’une histoire des migrations, du tourisme, des modes de déplacement et de la communication, mais aussi de créations littéraires et artistiques sur ces thèmes ainsi que de réflexions anthropologiques sur la figure du nomade, de l’hospitalité, de l’étranger, nous tenterons de tracer les contours de l’imaginaire contemporain du voyageur, image qui nourrit, entre lumières et ombres, luxe et low cost, joie et larmes, les réalisations et les songes, les œuvres comme les techniques de la culture en gestation.
Comment ça marche ?
- Les propositions de contributions sont à envoyer, avant le 10 septembre 2016, via le formulaire de souscription ici qui se trouve en haut de cette page (http://lescahiers.eu/blog/call-for-papers-cei9-le-voyage)
- Nos articles tirent entre 3000 et 27000 signes (espaces compris). Si vous nous donnez une prévision, cela nous aidera à vous trouver la meilleure place dans la revue.
- Pour les propositions graphiques (photos, dessins, illustrations...), décrivez bien la technique et le format. Nos pages mesurent 200x265mm.
- Le comité de rédaction avisera les contributeurs de l’acceptation de leur proposition, avant d'entamer le travail d'édition, le 5 octobre 2016
- Les contributions finales devront être remises au plus tard le 5 février 2017. Les préconisations éditoriales seront envoyées avec l’acceptation de la proposition.