ROBERT MAPPLETHORPE
Jusqu'au 13 juillet – Au Grand Palais – Paris
UNE ESTHETIQUE PLASTIQUE, EROTIQUE ET POETIQUE
Le Grand palais expose les œuvres du photographe américain Robert Mapplethorpe jusqu'au 13 juillet. Décédé en 1989, l'exposition retrace ses années 70 - 80 avec une rétrospective de 250 photos.
« Si j’étais né il y a 200 ans, j’aurais sans doute été sculpteur, mais la photographie est une façon rapide de regarder et de créer une sculpture »
Fasciné par l’architecture corporelle, Robert Mapplethorpe réalise toute une série de nus statuaires féminins et masculins. Passionné par la sculpture, la visite débute par une série de photographies de statues greques antiques juxtaposées à des nus athlétiques. La beauté lisse et l'esthétique plastique de ses œuvres est poussé à l'extrême, à tel point que pour certains clichés la confusion s'installe dans l'identification des corps : s'agit-il d'un corps de pierre ou de chair ?
On comprend d'entrée son obsession pour la perfection.
« J'ai une admiration sans limites pour le corps nu. Je le vénère...»
...des fleurs photographiées comme un sexe d'homme, ...des sexes d’hommes photographiés comme une fleur.
« Quand j’ai exposé mes photographies, […] j’ai essayé de juxtaposer une fleur, puis une photo de bite, puis un portrait, de façon à ce qu’on puisse voir qu’il s’agit de la même chose. »
La scénographie offre un dialogue poétique entre des natures mortes florales et des clichés érotiques. L'association entre la tumescence du sexe masculin et l'incurvation d'une fleur permet d'une part d'atténuer le caractère cru et phallique de certaines œuvres, mais d'autre part elle montre une confrontation sensuelle entre la virilité et la fragilité que l'on pourrait qualifié de « senxualité ».
A mi-parcours un mur de fleurs tout en couleurs, rappelle avec audace la forte connotation sexuelle des fleurs qu'il photographie avec passion et obsession. Il les préfère cristallisées sur papier glacé qu'en pleine nature.
Face à cette hymne floral s'érige un mur consacré à la religion catholique, qui a joué un rôle marquant dans la jeunesse du photographe.
Puis on passe dans une salle (interdite aux mineurs), où se retrouvent ses œuvres les plus explicites, qui témoignent de son amour sans tabou pour le sexe masculin.
La visite se termine sur : une série de portraits où trônent un Andy Warhol sanctifié, et le corpus photographique de ses deux muses: Patti Smith et Lisa Lyon.
Emporté à l'âge de 42 ans par le sida, Robert Mapplethorpe aura réussi à capturer l'esthétique de sa vie, reflet d'un homme travaillé par la beauté...